Le loup souffla, souffla… et l’immeuble de paille résista.
Après avoir obtenu un diplôme d’architecte, Vanessa AZZI a poursuivi ses études en obtenant un master en Ambiance et confort thermique et acoustique à l’université de Bordeaux. Maitrisant parfaitement le double langage de l’ingénierie et de l’architecture, elle intègre les équipes de S2T en mars 2020, comme architecte et ingénieure.
Passionnée par tout ce qui a trait à l’environnement et aux innovations techniques et scientifiques, elle nous exprime ici sa vision de la construction paille.
Travailler chez S2T c’est évoluer dans un environnement d’innovations, et de nouveautés scientifiques, techniques et environnementales, thématiques qui me tiennent particulièrement à cœur. En accompagnant nos clients dès la phase concours, nous avons la possibilité, mais surtout la responsabilité de les conseiller et de les guider vers des solutions auxquelles ils n’auraient pas forcément pensé. Actuellement les enjeux écologiques liés au carbone sont des problématiques particulièrement présentes dans le secteur du bâtiment. Et, dans la mesure où le transport, la mise en place et la démolition des matériaux de construction représentent 60% de l’émission de CO2 dans le secteur du bâtiment (Source BBCA), il est important d’y réfléchir en amont. Nous encourageons donc nos clients à sélectionner des matériaux avec un faible impact carbone, comme la paille. Matériau biosourcé, disponible localement, il est encore assez méconnu alors qu’il est écologique, durable et qu’il pourrait remplacer des matériaux plus classiques comme la brique ou le béton
Mettre fin aux idées toutes faites…
Contrairement à ce que raconte l’histoire des trois petits cochons, la paille offre une stabilité et une résistance structurelle bien plus importantes qu’on ne le suppose. Plusieurs essais ont d’ailleurs montré qu’elle est résiliente aux catastrophes naturelles et qu’elle ne s’effondre pas lors d’un séisme. Autre information qui peut paraitre étrange, la paille résiste au feu car elle ne contient que très peu d’oxygène. Il a été prouvé qu’elle peut résister au feu jusqu’à 30 minutes selon le revêtement utilisé. En effet, étant toujours revêtue de chaux ou de terre, elle possède des pare-feu naturels.
De plus, la Paille répond parfaitement aux enjeux liés à la qualité de l’air intérieur et au confort hygrométrique. Elle est très efficace thermiquement puisqu’elle conserve la chaleur à l’intérieur en hiver et la fraîcheur en été, permettant ainsi de réduire les frais de chauffage et de climatisation. Elle offre également un excellent confort acoustique. Il s’est avéré que la paille est un matériau isolant qui, à épaisseur simple, peut réduire le niveau sonore de 27dB minimum.
Si l’on considère qu’en plus la paille consomme peu d’énergie, séquestre le carbone et émet très peu de composés organiques volatils, elle apparait comme une solution quasiment parfaite… ou presque.
Des limites de la paille…
Si les bien-fondés de l’utilisation de la paille en tant qu’isolant ne sont plus à prouver, le « tout paille » ne peut pas être généralisé. La hauteur de construction en paille se limite aujourd’hui à uniquement 2 ou 3 niveaux. Ensuite, l’utilisation de la paille sur des bâtiments importants est une technique récente. Nous ne possédons par conséquent que peu de recul sur son évolution au fil du temps.
Cependant la France s’investit fortement dans le sujet et est actuellement leader en Europe dans la construction paille. Depuis 2006 le Réseau Français de la Construction de Paille (RFCP), qui regroupe tous les acteurs de la construction paille, en promeut les filières. Chaque année de plus en plus de bâtiments sortant de terre contiennent de la paille. La France vise la neutralité carbone d’ici à 2050. La paille semble être un matériau à prendre en considération et les années à venir pourront nous permettre d’en parfaire la technique et de résoudre un à un les problèmes rencontrés. Il y a donc fort à parier que ce n’est que le début d’une grande histoire…
La Paille en quelques chiffres
Panneaux de Paille compressée
- Dimensions du panneau standard :
- Largeur 1,20m Longueur 2,5m (en option entre 1,25m et 3,5m)
- Epaisseur : 58 mm
- Poids : environ 22 kg/m²
- Densité moyenne : 379 kg/m³
- Résistance au feu : supérieur à 30 mn (panneau nu)
- Prix : à partir de 38 euros le m2 fournitures et pose comprises
- Certifications : panneau nu certifié M3 (CSTB) et El 30 (selon essai EN 13501-2, UK), classement C1 faiblement inflammable, conforme CSN-EN 312
- Résistance thermique : R= 0,5686 m2 K/W pour le panneau de 58 mm.
- Isolation acoustique : En simple épaisseur sans revêtement supplémentaire
- Réduction du niveau de bruit de 27dB minimum et double épaisseur, réduction de 45dB minimum
- Solidité : utilisation pour des murs ou cloisons autoporteurs jusqu’à 3,5 mètres de haut
- Résistance aux chocs allant jusqu’à 400 joules sans rupture
- 70 kg de paille sont nécessaires pour produire un panneau de paille compressée de 3m2
- 8,5 kg de carbone sont séquestrés par m2 de panneau de paille compressée
Bottes de paille pour remplissage (Posées sur chant ou à plat)
- Dimensions hauteur x bas x longueur : Petite 37 x 47 x 50 à 120cm Moyenne 50 x 70 x 110 à 200cm Grosse 80 x 120 x120 à 230 cm
- Densité moyenne : entre 80 et 120 kg/m3
- Résistance thermique : Bottes posées sur chant R=7.1m2.K/W – Bottes posées à plat R=5.8m2.K/W
- Conductivité thermique : Bottes posées sur chant λ = 052W/(m.K) Bottes posées à plat λ = 0.08W/(m.K)
- Isolation acoustique : affaiblissement acoustique 43 à 45 dB en laboratoire pour un mur en bottes de paille de 35cm d’épaisseur enduit de terre sur les 2 faces
- Diffusion de la vapeur d’eau : µ=1
- Résistance au feu :
Murs en bottes de paille enduit chaux ou terre crue Classement B – S1 – d0 de réaction au feu (EN 13501-1:2007) B : produit combustible à contribution au « flash over » très limitée / S1 : faible production de fumées / d0 : absence de débris enflammés - Prix : envrion 35€ le mètre carré pour une isolation à la paille en bloc
Sources :