Le passif passe par la construction bois
Pour atteindre les objectifs visés par la construction passive, le bois présente des atouts considérables. À condition de rester vigilant sur certains points. Notre décryptage par Jérôme Mathieu, vice-président de S2T.
Illustration : Copyright Stéphane Cochet – A003 Architectes. Immeuble de 17 logements sociaux à Montreuil. Maître d’ouvrage : OSICA. Bâtiment passif labellisé Passivhaus. S2T a assuré la maîtrise d’œuvre Structures bois et béton.
Qu’est-ce qu’un bâtiment passif ?
Le bâtiment passif, souvent appelé « sans chauffage », est un concept de construction très basse consommation, basé sur l’utilisation de l’apport de chaleur « passive » du soleil, sur une très forte isolation (des murs, des fenêtres, etc.), sur l’absence de ponts thermiques, sur une grande étanchéité à l’air, ainsi que sur le contrôle de la ventilation.
Un bâtiment passif consomme 90 % d’énergie de chauffage en moins qu’une construction existante, et 50 % de moins qu’un bâtiment construit selon la réglementation thermique actuelle (RT 2012).
Pour se chauffer, une construction passive utilise toutes les sources de chaleur disponibles (soleil, habitants, électroménager, etc.). L’isolation extrêmement poussée des murs extérieurs, du toit et du sol, ainsi que des menuiseries à hautes performances permettent de garder la chaleur à l’intérieur. L’air neuf est quant à lui fourni par une ventilation mécanique contrôlée (VMC), double flux, qui récupère la chaleur de l’air sortant pour réchauffer l’air entrant.
Un bâtiment est donc dit « passif » lorsque la majeure partie de ses besoins en chauffage sont remplis automatiquement, sans appareil de chauffage dédié.
Le bois, une isolation thermique inégalable
Le bois est un matériau particulièrement adapté pour garantir l’isolation renforcée dont un bâtiment passif a besoin. Douze fois plus isolante que le béton, l’ossature bois offre en effet une isolation thermique inégalable, qui permet l’obtention de performances thermiques exemplaires, et ce dans des conditions financières et techniques raisonnables.
Un mur à ossature bois est ainsi composé d’un tramage régulier de profils en bois verticaux et horizontaux. L’isolation thermique est incorporée entre chaque montant de l’ossature. Le mur à ossature bois est ainsi isolant dans l’intégralité de ses matériaux. Pour un même niveau de performance thermique, il n’est pas rare de constater une réduction de l’épaisseur des murs de 20 cm par rapport à des solutions maçonnées classiques, permettant ainsi un gain de surface utile par rapport à la construction traditionnelle.
Les utilisateurs de bâtiments en construction bois évoquent souvent un très grand confort en hiver : pas d’effet de parois froides, pas de courants d’air, des matériaux peu effusifs, ainsi qu’une grande capacité de régulation hygrométrique des parois.
Le bois apparaît donc bien comme un matériau de construction qui permet aux projets passifs d’atteindre le maximum de leurs potentialités, que ce soit en termes d’usages, de désirs ou de responsabilité économique et écologique.
Une faible inertie thermique
Un bâtiment performant sur le plan énergétique doit néanmoins être envisagé de façon globale, à travers plusieurs critères essentiels : isolation, chauffage, compacité, insertion dans l’environnement, étanchéité à l’air, confort d’été. De ce point de vue, les qualités naturelles du bois, quoique bien réelles, ne suffisent pas.
Le déphasage thermique, ou temps de transfert, est une donnée fondamentale du confort d’utilisation. Il est fonction de la capacité thermique des matériaux qui composent la paroi. Une toiture isolée avec un isolant léger standard générera des surchauffes en été. À l’inverse, des locaux équipés de parois performantes restent à une température confortable toute la journée.
Or le bois est un matériau qui dispose de peu d’inertie thermique. S’il dispose d’un excellent pouvoir isolant en hiver, il ne suffit pas à garantir le confort estival par lui-même. Dans la plupart des cas, le recours à une mixité de matériaux bois/béton permettra de résoudre cette problématique.